Histoire & Enseignement

l'Association Belge des Professeurs d’Histoire d’Expression Française

Le fait de partager notre travail sur Internet change-t-il quelque chose à notre profession ? Pour répondre à cette question, il est intéressant de regarder dans le jardin d’à côté : le blog « L’Alchimie du Collège » de notre collègue française Maya Goyet. Cette dernière insiste sur le fait que son expérience de « blogueuse » ou de « billeteuse » amène à une réflexivité par rapport à ce métier que nous croyons souvent si bien connaître:

Comme les idées de billet ne tombent pas toujours toute crues, il m’a fallu être plus attentive que d’habitude. Considérer des aspects du métier que j’avais négligés. Faire des expériences nouvelles, tenter des coups. Réfléchir, disséquer, fureter. J’ai mieux compris ce que je faisais, ce que je voulais faire,ce que je savais faire, ce que je ne savais pas faire, ce qui me restait à apprendre. J’ai pris la peine de mieux observer. Du sol au plafond. Ça rend le métier encore plus passionnant”1.

Quel bel objectif ! C’est dans ce sens que quelques professeurs d’histoire ont refaçonné la revue Histoire et Enseignement pour en faire un outil technologique répondant aux besoins technologiques actuels des professeurs d’histoire. C’est le pari de l’internet 2.0. : comme si Diderot et d’Alembert nous revenaient du passé et qu’ils appliquaient l’instantané de notre société du XXIe siècle. Grâce à cet outil, il est possible de voir des professeurs de Namur, d’Arlon, de Bruxelles ou de Kinshasa affiner ensemble un appareil pédagogique performant sur la toile du web.

Deux ans après le lancement de la plateforme, il est possible de faire un état des lieux de la construction de notre site. Il est opérationnel. Comme le soulignait notre président dans son premier édito2, nous avions comme objectif de proposer du matériel pédagogique de premier choix car spécialisé sur la discipline historique. À cet égard, nous avons publié une dizaine de leçons « modèles » couvrant plusieurs périodes historiques, touchant plusieurs thèmes et concepts transversaux et proposant l’affinement de plusieurs compétences ou savoir-faire. Nous avions aussi proposé plusieurs débats de fond qui attendent encore une réelle réactivité. Car au delà de ces réalisations et ces acquis structurels, il faut bien reconnaître que les promesses d’interactivités digitales ont été mitigées et que même si nous sommes heureux de faire valoir une réflexion de fond sur le métier d’enseignant, ces échanges sont restés limités à un petit réseau de professeurs actifs. Pourquoi donc ? Revenons à la réflexion de Maya Goyet en la transposant à notre situation actuelle :  travailler ensemble sur internet crée beaucoup de questionnements que nous aurons à solutionner dans les prochains mois d’activité du site.

La première constatation est que plus de communication est nécessaire au sujet des possibilités qu’offre notre travail. Certains représentants de Histoire et Enseignement ont déjà présenté les possibilités aux futurs enseignants faisant leur agrégation à l’ULB et nous attendons que ces mêmes personnes partagent leurs expérimentions sur la plateforme. Il nous faut continuer ces mises en réseaux avec d’autres universités et hautes écoles. La région francophone de Belgique est trop petite pour garder des prés carrés idéologiques : encore faut-il décloisonner le monde scolaire et universitaire : c’est la grande force d’internet car Histoire et Enseignement repose sur ces initiatives individuelles résidant tout autour du globe comme par exemple l’intervention du professeur Ekanga Lokoka sur la pédagogie en République démocratique du Congo3 ou celles de Madame Lacroix-Riz pour le cas de la France4 . Nos membres ont aussi enquêté sur la pédagogie au Québec et au Sénégal5.

Une deuxième constatation est celle de l’importance de la familiarité avec les outils informatiques. Tout le monde n’est pas un « natif du digital »6. Quand cette traduction peut-elle être opérée ? À la fin de la journée de travail ? Durant la fin de semaine ? Ces enjeux doivent encore être expérimentés par des professeurs intéressés. À l’heure des préparations de l’été et du temps de la réflexion, nous vous invitons à intégrer une de nos leçons dans votre programme et prévoir le temps et l’énergie nécessaires à la rédaction d’un commentaire. Voici un article traitant d’une leçon modèle qui pourrait être utilisé pour entreprendre cet exercice : « La place de la femme en Grèce antique » par Julien Steyaert. Vous y trouverez non pas seulement une brève description de l’appareil didactique de la leçon et les documents nécessaires à la mise en pratique mais aussi une section « Mise à l’épreuve de la leçon » dans laquelle les membres du « noyau dur » du site pourront mettre réorganiser les commentaires proposés par vous, enseignants de tous bords.

Deux ans d’existence et pleins de projets en vue : telle est la situation pleine de promesses d’Histoire et Enseignement. Comme nous le rappelait Maya Goyet : « restons groupés ! ». Nous vous invitons donc à réagir, à proposer une collaboration durant la nouvelle année scolaire qui débute d’ici peu ou même à nous rejoindre lors d’une de nos réunion mensuelles. D’ici là, bon travail à vous tous !

6 Pour plus d’informations à ce sujet: Bennett, S.; Maton, K.; Kervin, L., « The ‘digital natives’ debate: A critical review of the evidence », dans British Journal of Educational Technology, 39 (5), 2008, pp. 775–786.

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